Il fait anormalement doux, les gens semblent vivre dans un incompéhensible monde de lenteur. Deux jeunes devant moi, ils trainent la patte, m'obligeant à esquiver une figure quasi acrobatique pour passer le pas de la porte.

Je remonte la rue, un chien aboit.

A l'angle de la rue une voiture me dépasse prestement et manque de peu de renverser un enfant sur un passage piéton. Dans le crissement de ses pneus, j'oblique à gauche.

A droite puis à gauche. D'une fenêtre entrouverte je vois filtrer une lumière et des éclats de voix puissants inondent la ruelle, prémices d'une violente dispute. Je continue ma route, mes semelles avalent un goudron d'ébène fraichement appliqué.

Passage sous-voie, murs gris, il ne reste plus qu'un néon sur trois et des tags apparaissent ici et là.

Encore une rue. L'arbre s'est écroulé il y'a quelques jours et ses branches ploient encore sous le souvenir de l'épaisse couche de neige. La blancheur n'est aujourd'hui plus que flaques d'eau polluée disséminées ici et là.

Je tourne la clef dans la serrure et dépose mon sac de papier.

......... Le chemin entre le fast-food et la maison vous laisse parfois une étrange impression.........